Planter des arbres en jardin-forêt

19 novembre 2020 par
Planter des arbres en jardin-forêt
Gauthier Camille
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Les arbres jouent de nombreux rôles : ils absorbent le gaz carbonique et rejettent de l’oxygène, stabilisent les sols, apportent une ombre bienvenue lors de nos étés de plus en plus chauds, abritent faune et flore… Ils sont indispensables à notre survie.


Pourtant, des forêts primaires sont décimées à des fins d’extension des activités humaines. Et, pire encore, des arbres meurent à cause de la sécheresse, de plus en plus importante dans nos contrées, ou encore de maladies ou d’attaques de ravageurs, engendrées plus ou moins directement par le changement climatique qui s’opère.


Ainsi, planter des arbres, à l’heure actuelle, n’est plus une simple action personnelle. Elle devient un acte fort, témoignant d’une volonté de sauvegarder la biodiversité.


Vous souhaitez planter des arbres dans votre jardin-forêt et ne savez pas quelles essences installer sur votre lieu ? Quelle que soit la taille de votre terrain, il existe, de la canopée aux arbrisseaux, une ou plusieurs essences qui pourront s’installer au sein de votre écosystème. Certaines vont peut-être vous surprendre !

Planter des arbres, un acte écologique majeur

Le réchauffement climatique est indéniable. Il se caractérise, entre autres, par des hivers plus doux, des épisodes de grande sécheresse, en particulier l’été, ou encore par des phénomènes météorologiques intenses entraînant des conséquences importantes (tempêtes, inondations, incendies, etc.)

Cet été 2020, la sécheresse a été telle que certains arbres ont dépéri en forêt à cause du manque d’eau. Les journaux en ont fait leurs gros titres : les forêts françaises sont-elles en train de mourir ? Ce sont, rassurez-vous, des individus et non des forêts entières qui ont été décimées, même si certaines ont été durement touchées. 

En revanche, les forêts, en mode « survie », ont moins joué leur rôle de capteur de carbone qu’à l’ordinaire. Voilà qui a de quoi inquiéter. Certaines essences souffrent directement de la sécheresse, comme le hêtre, qui fait l’objet d’actions de sauvegarde de la part de l’Office national des forêts, quand  d’autres doivent faire face aux attaques de ravageurs qui migrent ou se reproduisent de façon plus importante. Par exemple, les épicéas, des espèces pourtant très résistantes, succombent en masse à cause d’attaques de scolytes.

Que faire face à ce changement ? L'exemple inspirant des mini-forêts de Miyawaki


Akira Miyawaki est un botaniste japonais, spécialiste mondial des graines et de la naturalité des forêts. Il a élaboré et mis en œuvre une méthode de plantation de forêt native inédite, reprenant le modèle de la régénération naturelle d'une forêt.


Les particularités de ces mini-forêts ?

  • L'attention particulière portée au sol : fertiliser la terre en premier lieu et choisir des essences adaptées.

  • Une grande densité de plantes : pas moins de 3 à 4 essences par mètre carré, permettant la coopération des végétaux entre eux, à l’instar des guildes végétales.

  • Le choix d’essences indigènes : Miyawaki encourage à planter des essences végétales autochtones, et en particulier celles qui perdurent dans les forêts locales arrivées à maturité.

  • La diversité des cultures : planter de nombreuses variétés différentes permet de maximiser la biodiversité, des arbustes aux arbres de la canopée, afin d’occuper le plus possible l’espace vertical.




Forêt Miyawaki

Cela ne vous rappelle rien ? Eh oui ! Le jardin forêt comporte aussi ces caractéristiques, à ceci près qu’il comporte un nombre de strates plus important et qu’il est destiné à être une méthode plutôt agricole (récoltes alimentaires, bois pour le chauffage ou la vannerie, etc.). Les forêts de Miyawaki sont, quant à elles, surtout d’intérêt écologique et ornemental.

Les avantages de ces dernières sont que les forêts plantées sont plus denses et plus riches en biodiversité que les espaces boisés « classiques » créés par l’homme, qui ne comportent souvent que deux ou trois espèces d’arbres. Ainsi, on atteint des écosystèmes résilients et durables beaucoup plus rapidement : les végétaux s’enracinent mieux et plus vite et sont plus résistants, grâce à cette diversité et cette densité. Elles deviennent, après 3 ans, autonomes et n'ont plus besoin de l’homme pour l’arrosage, l’entretien, etc.

Avec, à la clé, une absorption importante du carbone. Cette méthode remporte un vif succès car elle peut être installée sur de petites surfaces, y compris en milieu urbain.

Quelles leçons peut-on en tirer pour la plantation de nos arbres en jardin-forêt ?
  • L’observation du milieu naturel dans lequel vous vivez est primordiale, comme toujours en permaculture : repérez les plantes pionnières, les essences qui résistent le mieux autour de vous. Il s’agit avant tout d’agir avec la nature, et non contre elle.

  • Pour toujours plus de résilience, faites le choix d’essences particulièrement résistantes à la sécheresse. 

  • Plantez de façon dense et sur plusieurs niveaux.

  • Des végétaux, autrefois exclusivement méditerranéens, migrent vers le nord - quand des essences du nord du pays migrent encore plus haut ! Adaptez-vous et envisagez de planter des arbres et arbustes que, certes vous n’avez pas connus dans votre environnement lorsque vous étiez enfant, mais qui pourront pourtant s’épanouir aujourd’hui sur votre lieu. Osez !

  • Acceptez la rétroaction : la nature s’adapte à son environnement, même si cela signifie la perte ou la non-réussite de certaines cultures. Faisons comme elle !

Voyons maintenant ensemble quelles essences d’arbres vous pouvez installer dans votre jardin forêt qui vous permettra des récoltes malgré le réchauffement climatique.


dessin-jardin-foret

Planter des arbres en jardin-forêt : les essences indispensables

Les arbres particulièrement résistants à la sécheresse

Châtaignier - Castanea sativa

Le châtaignier a besoin d’un sol argileux ou sableux, mais pas limoneux. Évitez donc de le planter si c’est le cas de votre terre. S’il demande une attention particulière les premières années de son installation, il est très productif et résiste parfaitement aux aléas et à la sécheresse.

Noyer - Juglans regia 

Voilà un arbre peu exigeant qui vous offrira des récoltes de noix goûteuses ! Il jouit d’une mauvaise réputation, accusé d'empêcher d’autres plantes de pousser à proximité. Si cela peut s’avérer vrai pour les monocultures de noyeraies, il n’en est rien dans un système diversifié, et vous pouvez le cultiver sans crainte au sein de votre jardin forêt.

Févier d’Amérique - Gleditsia triacanthos

Cet arbre est exceptionnel en permaculture, de par le nombre de rôles qu’il joue : fixateur d’azote, défensif de par ses épines, le févier d'Amérique possède un bois de grande qualité et se pare de grappes de fleurs mellifères en juillet, qui forment ensuite des gousses à la pulpe comestible et sucrée. Son feuillage caduc délicat offre une ombre légère et est un régal pour les yeux. Il aime les terrains riches et humides, mais accepte tout aussi bien les terres calcaires et sèches.

Aulne de Corse - Alnus cordata

L’aulne de Corse est l’aulne le plus résistant aux longues périodes de sécheresse. Il s’adapte parfaitement aux sols pauvres qu’il régénère et joue le rôle de plante compagne en tant que fixateur d’azote.

Arbre de Judée - Cercis siliquastrum

Cet arbrisseau est une espèce pionnière sur les côtes méditerranéennes et peut être planté partout, avec une préférence pour des terrains drainés. L'arbre de Judée résiste parfaitement à la sécheresse. Il est incontournable lui aussi en permaculture car il s’agit d’un fixateur d’azote, qui régénère les sols et offre une incroyable floraison rose mellifère, comestible et sucrée !

Arbre aux 40 écus - Gingko Biloba

Cet arbre exceptionnel est la seule espèce ayant survécu à Hiroshima, et la plus ancienne essence d’arbre connue. C’est vous dire s’il est résistant ! Les conditions extrêmes et pollution ne l’atteignent pas, et il jouit d’une longévité exceptionnelle, estimée à 3 000 ans. Ses feuilles en forme d’éventails prennent une teinte jaune extraordinaire en automne.

Eucalyptus - Eucalyptus spp.

L’eucalyptus est un arbre médicinal reconnu pour aider à lutter contre le rhume et la toux, qui aime le soleil et les sols drainés. Avec son feuillage gris bleu, E. johnstonii, E. gunnii, E. delegatensis et E. urnigera sont les plus rustiques dans nos régions (Z7 et Z8)

Aubépine - Crataegus spp.

Faciles de culture et très rustiques, les aubépines offrent de belles floraisons et des fructifications incroyables. Elles s’adaptent à tout type de sol, et le genre comporte plusieurs variétés, allant de l’arbuste à l’arbrisseau. 

Poirier sauvage - Pyrus communis

Les poiriers ont besoin de beaucoup de lumière, et le réchauffement devrait entraîner une augmentation des récoltes. Il ne faut pas hésiter à leur réserver une place de choix.

Robinier - Robinia pseudoacacia

Le Robinier faux-acacia est un arbre peu exigeant et résiste aussi bien à la pollution qu’à la sécheresse ou au froid. Il est lui aussi un arbre multi-fonction : ses épines le rendent intéressant dans une haie défensive, ses fleurs sont très mellifères et comestibles, son bois est de grande qualité et il fixe l’azote ! Attention, l'arbre a tendance à drageonner quand il se fait tailler !


Les essences qui s’adaptent au nouveau climat

Plaqueminier - Diospyros spp.

Encore peu connu en Europe, les plaqueminiers sont pourtant des fruitiers rustiques, qui ont besoin d’étés longs et chauds pour produire de délicieux fruits, à récolter l’hiver, après les premières gelées. Ainsi, la fructification devrait bénéficier du réchauffement climatique. Parmi les espèces à installer, citons Diospyros kaki (plaqueminier du japon, ou kaki), Diospyros lotus (plaqueminier lotier) ou encore Diospyros virginiana (plaqueminier d’Amérique).

Figuier - Ficus Carica

Originaire des pays chauds, le figuier comporte des cultivars, comme la 'Grise de Tarascon' qui, de surcroît avec le réchauffement, s’épanouissent dans toutes les régions, y compris au nord de la Loire.

Amandier - Prunus

L’amandier s’épanouit, à l’origine, pleinement en climat méditerranéen. Très résistant à la sécheresse, il supporte les étés caniculaires et il est désormais possible de l'installer partout, surtout si vous choisissez une variété à la floraison tardive, comme lamandier 'Princesse'.


Si la nature s’adapte, pourquoi pas nous ? De nombreuses essences s’accomodent de ce nouveau climat et/ou résistent particulièrement bien aux longues périodes de sécheresse qui se multiplient. La ou lesquelles choisirez-vous pour votre jardin forêt ? Partagez-nous vos expériences en commentaires !

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