Qu'est-ce que la permaculture ?

3 septembre 2020 par
Qu'est-ce que la permaculture ?
Gauthier Camille

De plus en plus en vogue, la permaculture fait beaucoup parler d’elle ces dernières années. Mais savez-vous réellement à quoi ce mot fait référence ? 

Souvent réduite à la culture sur buttes, la permaculture n’est pourtant pas un concept tout neuf ! Théorisée dans les années 1970 par Bill Mollison et David Holmgren, comprendre son histoire permet de mieux l’appréhender et la définir, bien qu’il nous soit impossible d’en faire le tour en un seul article ! Qu’est-ce que la permaculture ? Découvrez cette approche passionnante, qui ne se limite pas seulement à l’agriculture.

Qu'est-ce que la permaculture ? Définition et histoire

La permaculture est un concept qui puise ses sources d’inspiration à différentes époques et différents endroits. Difficile de tous les citer ! 

« L’agriculture permanente »

Vers 1910, Franklin Hiram King et Cyril Hopkins, deux agronomes américains, font face à la censure de leurs recherches sur le maintien de la fertilité des sols par les instances officielles. Ils étudient les systèmes agricoles japonais, coréens et chinois, qui parviennent à produire tout en maintenant la fertilité de la terre, grâce à des techniques de rotation des cultures, d’associations symbiotiques de plantes et de réutilisation de matières organiques pour amender le sol. Ils définissent alors une « agriculture permanente », par opposition à l’agriculture intensive.

Ce terme est repris en 1929 par Joseph Russel Smith dans son ouvrage Cultures d’arbres : une agriculture permanente, où il prône l’association de cultures basses et d’arbres nourriciers.

Ce livre a inspiré le japonais Toyohiko Kagawa dans les années 30, qui devint un pionnier de l’agriculture forestière dans son pays.

Masanobu Fukuoka et l’agriculture naturelle

Dans les années 1970, un chercheur japonais devenu agriculteur, Masanobu Fukuoka, qui défendait déjà depuis des années l’agriculture naturelle et le verger sans labour, développe une technique qu’il appelle le « non-agir ». Il pose la question de l’intérêt de l’intervention de l’homme, qu’il voit comme un « serviteur » de la nature. Pour lui : pas de taille, pas de fertilisant, ni de travail du sol. Il démontre alors que, grâce à sa méthode, les productions de riz étaient équivalentes, voire supérieures, à celles de l’agriculture traditionnelle.


La naissance de la permaculture

À la fin des années 1970, Bill Mollison et David Holmgren, les deux fondateurs australiens de la permaculture, s’inspirent de cette philosophie pour déterminer leur concept, même si leurs conclusions sont différentes de leur confrère japonais. Eux voient plutôt en l’Homme un « organisateur » de la nature, qui, en travaillant par zone, va pouvoir optimiser son écosystème à des fins de récoltes tout en visant à le rendre le plus durable et résilient possible.


C’est ainsi que naît le mot permaculture (« permanent agriculture »).


La permaculture est souvent réduite à des techniques permacoles, telles que les buttes ou le mulch, et il n’est pas toujours aisé de la définir tant le concept regroupe à lui seul de nombreuses idées, réflexions et interactions. Pour en donner une définition simple, on pourrait dire que la permaculture s’appuie sur le modèle et le fonctionnement de la nature. Dans son application au jardin, elle vise alors la création d’un écosystème diversifié et durable, permettant de produire les récoltes nécessaires à l’homme, tout en préservant la nature.


Cette manière de produire s’applique non seulement au jardin, au potager ou à la forêt, mais aussi aux infrastructures sociales, à l’énergie, à la redistribution des ressources... La réflexion porte sur un ensemble, il s’agit d’une manière de concevoir le monde. Au sens large, la permaculture est donc essentiellement une méthodologie de conception de systèmes basés sur une écologie humaine et naturelle. Elle répond au besoin de création d'un projet ou d'un ensemble, dans lequel l'homme et la nature collaborent, où l'écologie et l'économie avancent main dans main. La Nature nous offre ainsi toutes les clés pour concevoir, « designer», des systèmes équilibrés et durables.


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Les grands principes de la permaculture

Les fondateurs de la permaculture ont défini chacun leurs grands principes, qui font référence dans le domaine. 


Trois règles éthiques se retrouvent au cœur de la permaculture :

  • prendre soin de la Terre ;

  • prendre soin des Hommes ;

  • partager les ressources équitablement.


Toutefois, la permaculture est un concept évolutif, qui s’adapte en fonction des besoins de chacun et des lieux auxquels elle est destinée à s’appliquer.


C’est bien là sa grande force : réussir à s’en approprier les fondements permet de travailler sa propre réflexion, pour pouvoir l’appliquer à son lieu, quels que soient sa taille, son climat, son emplacement, la nature du sol, ses ressources, les besoins du permaculteur, etc.

Même le design, l’étape de conception, est un outil qui évoluera inévitablement dans le temps, tout comme évoluent vos besoins et la nature (rappelons que le réchauffement climatique, par exemple, engendre des changements à prendre en compte dans les années à venir).


Bill Mollison et David Holmgren ont donc publié chacun leurs principes, parfois semblables, parfois complémentaires. Les voici.

Les 12 principes de David Holmgren

  1. Observer et interagir.

  2. Capter et stocker l’énergie.

  3. Obtenir une production.

  4. Chercher l’autorégulation et accepter la rétroaction.

  5. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables.

  6. Ne produire aucun déchet.

  7. Partir des motifs (des structures d’ensemble) aux détails pour la conception.

  8. Intégrer plutôt que séparer.

  9. Utiliser des solutions lentes à petite échelle.

  10. Se servir de la diversité et la valoriser.

  11. Utiliser les bordures et valoriser la marge.

  12. Être créatif face aux changements.

source : Permaculture : principes d’action pour un mode de vie soutenable (Permaculture : principles & pathways beyond sustainability).

Les 9 principes de Bill Mollison

  1. Prévoir l’efficacité énergétique de votre système, capter et stocker l’énergie et privilégier les énergies renouvelables.

  2. Chaque élément (vivant ou non), doit avoir un emplacement relatif et être mis en relation pour interagir avec les autres.

  3. Les énergies circulent et sont recyclées sur le lieu.

  4. Les bordures sont des éléments importants à valoriser et à privilégier.

  5. Chaque élément doit remplir plusieurs fonctions.

  6. Chaque fonction est remplie par plusieurs éléments.

  7. Travailler avec la nature plutôt que contre elle.

  8. Faire de petits efforts pour de grands changements.

  9. Le problème est la solution.

Source : Introduction à la permaculture (Introduction to permaculture).

À la fois complexe et empreinte de bon sens, la permaculture peut ainsi, malgré ses fondements et ses principes, connaître des applications différentes d’un lieu à l’autre, d’une personne à une autre.

Quelques exemples concrets des principes appliqués en permaculture


  • Utiliser et valoriser la diversité

La résilience, la production et la durabilité d’un écosystème passe par sa diversité. La monoculture n’existe pas dans la nature ! Créer des guildes végétales - des associations symbiotiques de plantes - ou encore cultiver sur plusieurs strates, de la canopée aux couvre-sols en passant par les arbustes et les herbacées... vous garantira un système sain.


  • Utiliser et valoriser les ressources, ne produire aucun déchet

Il n’y a aucun déchet dans la nature, elle s’inscrit dans un cycle. Les feuilles mortes qui tapissent le sol, une fois tombées, se dégradent progressivement et enrichissent la terre en matière carbonée… Il faut changer notre regard et considérer que nos “déchets”, organiques en tout cas, sont des ressources précieuses qui peuvent être utilisées pour nourrir le sol, en produisant du compost par exemple. Nourrir la terre, qui à son tour nourrira les plantes, qui fourniront des récoltes qui à leur tour seront consommées et réduites à l’état de ressources déchets… vous avez compris !

diversité végétale
  • Chaque élément remplit plusieurs fonctions 

Le châtaignier permet de belles récoltes à l’automne, mais il joue un rôle clé dans la forêt comestible en apportant de l’ombre aux cultures voisines, en remontant des nutriments à la surface du sol, en nourrissant la terre une fois les feuilles tombées, ou encore en offrant le gîte et le couvert à certaines espèces animales… Il est important d’avoir conscience de toutes les interactions entre les différents éléments d’un écosystème pour mieux le comprendre et l’organiser.


Vous l’aurez compris, il n’est pas simple de donner une définition courte de la permaculture. Nous espérons toutefois vous avoir un peu éclairé et donné envie d’en savoir plus sur cette approche passionnante. Vous pouvez également, sur des sujets plus précis, vous former à la permaculture et au jardin-forêt. Nous proposons des formations et des cours en ligne, ainsi qu’une multitude d’infos sur notre chaine Youtube. Découvrez-les sans attendre ! 

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Le zonage en permaculture